Divers

Les français espionnés par la NSA

La France et le Mexique ont haussé le ton ce lundi 21 octobre 2013 et réclamé des explications à Washington après de nouvelles révélations sur l’espionnage américain qui ont amené Paris à convoquer l’ambassadeur des Etats-Unis pour protester contre des pratiques « inacceptables »

Illustrant l’ampleur prise par cette crise, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a annoncé la convocation « immédiate » de l’ambassadeur américain à Paris, à son arrivée à une réunion européenne à Luxembourg.

[quote] Ces révélations sur des interceptions de millions de communications, à partir des documents fournis par l’ex-consultant Edward Snowden, sont « choquantes et vont appeler des explications précises des autorités américaines dans les heures qui viennent », a affirmé juste avant le ministre de l’Intérieur Manuel Valls.[/quote]

Sur une période de trente jours, entre le 10 décembre 2012 et le 8 janvier 2013, 70,3 millions d’enregistrements de données téléphoniques des Français ont été effectués par la NSA, a révélé le site Le Monde, citant des documents de l’ancien consultant de l’agence de sécurité nationale américaine Edward Snowden.

Mais du 28 au 31 décembre 2012, aucune interception ne semble avoir été opérée, cet apparent arrêt d’activité pourrait s’expliquer, notamment, par le délai nécessaire à la reconduction, fin décembre 2012, par le Congrès américain de la section 702 de la loi encadrant l’espionnage électronique à l’étranger.
De même, rien n’apparaît les 3, 5 et 6 janvier 2013 sans que l’on puisse, cette fois-ci, avancer de raison plausible.
De nombreuses questions se posent encore, à commencer par l’identité précise des cibles et les justifications d’une collecte si massive de données sur un territoire étranger, souverain et allié.

[quote] »Avec les nouvelles technologies de la communication, il faut évidemment des règles, cela concerne tous les pays », a souligné lundi le ministre français Manuel Valls.
« Si un pays ami, un pays allié, espionne la France ou espionne d’autres pays européens, c’est tout à fait inacceptable », a-t-il poursuivi.[/quote]

Les documents d’Edward Snowden, dévoilés en juin 2013, décrivent les techniques utilisées pour capter illégalement les secrets ou la simple vie privée des Français, ajoute le quotidien.

La NSA dispose de plusieurs modes de collecte, indique.

Quand certains numéros de téléphone sont utilisés en France, ils activent un signal qui déclenche automatiquement l’enregistrement de certaines conversations.

Cette surveillance récupère également les SMS et leur contenu en fonction de mots-clés.
Enfin, de manière systématique, la NSA conserve l’historique des connexions de chaque cible.

C’est tout d’abord en ayant accès aux « tuyaux » par lesquels transitent les télécommunications que l’agence capte le plus de conversations.
L’équipementier Alcatel-Lucent, qui fournit via sa filiale Submarine Networks (ASN) de nombreux câbles sous-marins permettant aux données de transiter, a par exemple été espionné par la NSA.

Les documents donnent suffisamment d’explications pour penser que les cibles de la NSA concernent aussi bien des personnes suspectées de liens avec des activités terroristes que des individus visés pour leur simple appartenance au monde des affaires, de la politique ou à l’administration française.

Le graphique de la NSA montre une moyenne d’interceptions de 3 millions de données par jour avec des pointes à presque 7 millions les 24 décembre 2012 et 7 janvier 2013, précise le quotidien.

Cet espionnage apparaît au titre du programme « US-985D ».

L’explicitation exacte de ce sigle n’a pas été fournie, à ce jour, par les documents Snowden ni par d’anciens membres de la NSA.
A titre de comparaison, les sigles utilisés par la NSA pour le même type d’interception visant l’Allemagne sont « US-987LA » et « US-987LB ».

Cette série de numéros correspondrait au cercle qualifié par les Etats-Unis de « troisième partie » auquel appartiennent:

[info_error]La France
La Belgique
L’Allemagne
L’Autriche
Ou encore la Pologne.[/info_error]

La deuxième partie concerne les pays anglo-saxons historiquement proches de Washington:

[info_error]Le Royaume-Uni
Le Canada
L’Australie
La Nouvelle-Zélande[/info_error]

Connus sous le nom des « Five Eyes ».
La première partie est constituée des seize services secrets américains.


(Un des data centers de la NSA, situé dans l’Etat de l’Utah.)

Le Mexique aussi visé

Le gouvernement mexicain a également demandé dimanche des explications à Washington après des révélations du magazine allemand Der Spiegel affirmant que les services de renseignement américains ont espionné les courriels de l’ex-président Felipe Calderon.

Der Spiegel, citant des documents fournis par Edward Snowden, a rapporté dimanche que la NSA a surveillé les communications du gouvernement mexicain pendant des années.

[quote] »Cette pratique est inacceptable, illégitime et contraire au droit mexicain et au droit international », a ajouté le ministère mexicain des Affaires étrangères, réclamant une enquête « le plus rapidement possible ».[/quote]

La présidente brésilienne Dilma Roussef avait suspendu le mois dernier une visite aux Etats-Unis après des révélations sur des cas d’espionnage américain sur ses propres communications, celles de proches collaborateurs et d’entreprises telles que le géant public pétrolier Petrobras.

Le président américain Barack Obama s’était alors engagé à ouvrir une enquête.

Laisser un commentaire